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François Declercq

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François Declercq
22 juin 2012

Pologne, suite et fin

Pologne, suite et fin

Rentré de Cracovie, avec ces images de foot en tête, les routes polonaises encore imprimées sur la rétine. 3340 km au total.

Les derniers jours furent égaux aux précédents.

Dimanche, encore dans le souvenir de cette nuit polonaise de folie nous avons simplement filmé une conférence de presse avec la star anglaise : Rooney. Cette fois ci on ne parlait plus de sa coupe de cheveux qui avait fait sensation au précédent entraînement mais de ses performances pour le prochain match. Il faut dire que le troisième tour des éliminatoires marquait son grand retour après une exclusion pour deux matches. Même moi je commence à suivre ces histoires de carton jaune, d'exclusion et suspension.
La chaleur était écrasante, après ce petit tournage rapide et efficace j'ai couru, dans  l'air tiède.

Lundi sentait déjà la fin, avec un aller et retour pour Wroclaw, comme un au revoir à cet autouroute empruntée 10 fois en dix jours. Les tchèques nous attendaient pour un entraînement sous un soleil de plomb, pourtant autorisée sur toute sa durée la presse n'a pas fait long feu sous celui du soleil et l'humidité de la pelouse fraîchement arrosée.
Retour à Cracovie, pause au milieu des routiers pour éviter l'accident et la sieste au volant.

Il était déjà temps de faire le tour de ces quelques jours polonais. Se souvenir du début, des allers retour à Wroclaw, des joueurs inconnus qui depuis sont devenus les amis de mon objectifs, de ma rencontre avec Chris, des polonais.

La soirée fut consacrée aux collègues qui voulaient dire au revoir à Chris et à moi qui partions le lendemain. Et là, les irlandais et anglais ont pris le relais des polonais. Rien de tel que des tournées de bières alternées avec des shots de vodka pour se dire au revoir, délier les langues, faire le point, se promettre une mission future, dans la moiteur de la nuit polonaise.
4 heures du matin, finir sa dernière pinte, errer dans un bar pour étudiants alors que le jour se lève.

J'ai fait ma valise alors que le soleil se levait et inondait ma chambre de lumière, quelques heures de sommeil, puis un long voyage via Charleroi alors que la vodka se dissipait lentement. Cette Pologne ! Elle est insatiable ! Ou alors est-ce moi...

Je retiens des ces jours de foot un nouveau goût pour ce dernier, ou plutôt pour les joueurs et les images que l'on peut en faire, un dégout pour l'argent dépensé, la Pologne se retrouve avec quatre stades flambants neufs qui n'auront servi que quatre fois chacun.
Je retiens aussi les polonais et leur vodka, les aubes solaires d'Europe centrale, les bretzels sur la route, et une langue toujours inaccessibles.

L’atterrissage est lent, quatre jours déjà et je maintiens vivace le souvenir de ces jours en regardant les matches, particulièrement celui d'hier avec mes chouchous, les tchèques ! filmés quatre fois, sous tous les angles...

A très vite pour une autre aventure footballistique, 2014 brésil ? Qui sait.

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17 juin 2012

Cracovie, 16 juin

Pologne, douzième jour. 
Peu de nouvelles j'avoue. Je passe le plus clair de mon temps sur la route et je découvre que je peux profiter de ces heures ou Chris conduit pour faire le point. 
Rien ne change vraiment dans les sujets filmés, depuis l'entraînement du Portugal le 12 je suis retourné filmer les Anglais et les Tchèques. Évidement tout ceci est entre coupé de longues heures de route. 2500 km depuis mardi dernier. Nous avons presque fait le tour du pays et d'ici mon départ nous aurons dépassé les 3000 km. Et tout ça pour filmer les pieds des autres et prendre le mien au passage si possible. 
Du Pays j'ai vu les forêts de bouleaux et de sapins, sur des dizaines de kilomètres, puis apparait une tour, une usine puis sur 40 km autour de Katovice ce ne sont que cheminées, fumées et barres d'immeubles. Le tout au milieu des mêmes bouleaux et sapins ... 
En rentrant de Polenica, village à 40 km à l'ouest de Poznan (prenez une bonne carte de la Pologne pour suivre) nous avons traversé la campagne perdue, petits villages aux routes de terre battue, maisons basses aux toits en pente entourées de fleurs et de bouleaux, grands mères sur leur perron, poules au milieu de la route, tracteurs . Image d'Epinal en Europe centrale qui dénote après un entraînement des Portugais où les joueurs les plus chers du monde trottinent sur un gazon d'hôtel de luxe en se cachant des caméras. La rue menant à l'hôtel avait revêtu les couleurs du Portugal et la ferme adjacente affichait un grand "bienvenue aux portugais", en Portugais.
Je retiens aussi les nombreuses statues de la vierge en rase campagne, bleu ciel, toujours entourées d'un petit jardin avec des roses trémières. Un petit air d'Amerique latine dans ces scènes campagnardes et virginales. 
Et tout ceci en revenant à la base, Cracovie. 
Ces deux semaines auront changé mon avis sur la Pologne et les polonais. Peut être que l'Euro et son ambiance festive y est pour quelque chose, ou est-ce aussi tout simplement que Cracovie est différente. 
Le centre est vivant, pas uniquement autour de la grand place mais surtout dans d'autres quartiers. On découvre des places aux cafés ouverts, un air de Berlin soudain. On y boit, et boit! Ici le sport alcoolisé c'est d'alterner shot de vodka et grande bière. J'ai essayé pour vous, résultat on se retrouve à danser torse nu sur de la très mauvaise musique en oubliant quasi tout ... Être saoul comme toute la Pologne prend tout son sens! 
Et comme le suggérait Constantin alias Pierre dans son commentaire du 9 juin la ville à aussi son lot de bars gays, donc pas de petites allusions fines à Têtu... Evidemment on est loin de Bruxelles ou Paris, ici on se cache, on doit chercher un néon au fond d'une cour, sonner, payer et s'enfoncer dans une cave pour écouter lady gaga en sirotant sa grande bière.... 
Il y a un club, près du fleuve, ouvert et non caché, indiqué par un chauffeur de taxi. Seul détail étonnant, la grande grille de métal qui ne s'ouvre qu'après avoir payé son entrée. C'est là que les polonais et les franco- belges enivrés de vodka s'adonnent à des danses frénétiques sur de la musique inconnue, la même lady gaga ferait tâche tellement le niveau est bas. Mais qu'importe, on est là pour se trémousser jusqu'aux petites heures... 
Et tout ce tableau ne serait rien sans ses habitants. 
De mes précédents séjours en Pologne je ne retenais qu'une certaine froideur et dureté chez les gens. On est efficace mais on n'y met aucunes formes. En anglais tout comme en polonais (de ce que j'en comprends...). Et bien ce séjour prolongé a changé mon opinion. Non pas qu'ils se soient radoucis, mais on apprend à passer outre cette rugosité et avec un sourire on détend l'atmosphère. 
Parfois on se retrouve face à une certaine incompréhension, je vois encore la serveuse de Mac Donald (oui, honte à moi! Premier repas chaud en 2 jours sur la route de Polenica...) lever les yeux au ciel et appeler au secour quand elle a saisi que me parler en polonais ne mènerait pas à grand chose... Mais en disant merci dans sa langue, je ne me risquerais pas à vous l'écrire, elle m'a souri et tout était oublié.
Ces iatus linguistiques s'évaporent autour d'une bière et d'un shot de vodka. J'ai pu épater un petit groupe de polonais de 22 ans hier soir avec ma technique du shot apprise par une amie très chère de Bruxelles. On expire et hop la vodka passe toute seule! Et ça, évidemment ça brise la glace! Je m'étais retrouvé avec Chris dans une  boîte  improbable, Fashion Time, à danser sur du R&B remixé entrecoupé de David getta. Foule mélangée, tout ages, de 22 à 40 ans, les filles haut perchées sur des talons incroyables, chevelure dénouée, robes transparentes, hommes tous en pumas blanches et chemise bleue à carreaux.  Chris  ne savait pas ou regarder tellement elles étaient belles... Leur compagnon par contre nettement moins. Et c'est là qu'autour de shots on m'a parlé des grandes comédies musicales françaises, notre dame de Paris, le roi soleil, on a ri en évocant Mylene Farmer que tout les monde connaît ici! Mais oui! Et Evidemment le lien entre la Pologne et la France n'est autre que Marie Skłodowska-Curie... Il m'a fallu 5 minutes pour faire le lien... Je pensais qu'on me parlait de curry. Il faut dire que Piotr à qui je parlais en était à sa 15 ieme pinte! Et oui, saoul comme la Pologne! 
La belgique par contre difficile à mettre sur une carte, entre Amsterdan et Paris ça aide. 
En dansant je me suis quand même attiré des regards de travers de deux grands malabars deux fois plus épais et larges que moi qui trouvaient que cette asperge se déhanchait un peu trop pour être honnête! 
Voilà l'expérience polonaise, la campagne, le foot, l'alcool.
Aujourd'hui il fait solaire, 30 degrés, chaleur continentale d'Europe centrale. Léger voil dans le ciel, passants en short, il fait chaud chaud chaud. Je vais profiter des berges de la Vistule, aller boire une bière à kaziemietz le quartier branché, et évidemment voir le foot, Pologne République tchèque. 
À très vite pour la suite. 
12 juin 2012

Cracovie, 12 juin 2012

Autoroute wroclaw-Cracovie, 12 juin 

Une semaine de Pologne et de foot, déjà. 
Je suis sur la route de retour à Cracovie qui après 8 jours est comme la maison, l'hôtel ibis ma base. 
Une semaine à filmer du foot, du foot et du foot. Je deviens un expert, ou presque. 
Mais c'est bien beau de dire que je filme du foot, mais quoi exactement? 
Tout commence aux camps de base de chaque équipe, bien avant le tirage au sort des groupes les équipes ont choisi leur ville. Cracovie n'accueille et c'est tant mieux aucun match, par contre elle à été choisi par les Pays-bas,  l'Italie et l'Angleterre. Avec mes collègues nous devons donc suivre tous les faits et gestes de ces trois équipes. L'Italie est réservée à mes coéquipiers italiens, car il est connu que seuls les natifs peuvent comprendre et suivre la squadra blu! La presse est tellement excitée que les étrangers ont du mal à obtenir des informations.... Pas vraiment étonnant, en Italie il faut que ce soit un peu agité, sinon ça n'est pas drôle. 
Les Anglais sont eux aussi plutôt sélectifs, personne d'autre que la BBC et SKY ne peuvent poser des questions, un journaliste français de notre équipe s'est attiré les foudres de la presse d'outre manche en posant une question subversive. L'attaché de presse lui a fait comprendre qu'il n'aura jamais plus l'occasion de prendre la parole... On peut poser des questions, mais que de gentilles questions! Il faut dire que la presse britannique n'est pas tendre avec son équipe, c'est même un sport national que de la dévaloriser.
Les oranges eux communiquent peu, voir pas du tout, les conférences de presse durent 10 minutes et encore. Par contre les questions en anglais sont bienvenues. 
Voilà pour les conférence de presse sur place, un jour sur trois, avec le capitaine ou un joueur. Il reste les entraînements. Les premiers étaient publiques, avec la presse présente tout du long. Rien de palpitant, il courent, s'échauffent, s'etirent et jouent au foot entre eux. Par contre il y a ceux qui veulent bien se montrer et ceux qui se cachent des caméras. 
Les Anglais par exemple sont restés bien loin de la presse et la moitié de l'équipe est rentrée aux vestiaires après le tour de terrain pour la parade. 
Les Portugais n'ont pas fait mieux, je viens de faire 500km pour filmer 15 minutes d'entrainement, avec une équipe bien au fond du terrain, pour être être certain de n'avoir aucuns gros plans. 
Car lorsque les choses se corsent, au deuxième ou troisième tour,  il n'est plus question d'entrainement public ni de presse ou alors uniquement pour 15 minutes. 
Il en va de même pour les "D-1 cessions" c'est à dire les conférences de presse et entraînements la veille des match dans le stade. La c'est une autre histoire, l'UEFA se mêle à la danse. Pour ma part je travaille pour un "non right holder" c'est à dire personne d'important et j'ai droit aux mietes, conférence de presse et entraînement la veille et surtout RIEN le jour J. C'est ça le sport! On paye on couvre, sinon rien! 
Je découvre les stades flambant neufs, qui ne serviront que 4 fois chacun, Varsovie, Gdansk, Poznan, Wroclaw, entre 40 000 places et 70 000 rien que pour l'euro... Payés par la Pologne pour la plus grande gloire de l'UEFA.  Sur place on vérifie l'accréditation  10 fois, les volontaires sont légion, rendant le travail plus facile mais plus cadenassé. Les conférences de presse sont minutées et traduites en 5 langues, on ne laisse rien au hasard. Mais le plus comique c'est la mixed zone, imaginez une chicane de barrières nadar emabllées dans des panneaux publicitaires avec d'un côté les télé, de l'autre la presse écrite. Côté télé  on a disposé de gros projecteurs qui éclairent bien le fond, il ne reste plus qu'à attendre les joueurs à leur sortie des vestiaires, certains s'arrêtent, d'autres non, seul point commun ils sentent l'eau de toilette et le déodorant à 10 mètres et tiennent tous sous leur bras une jolie trousse de toilette Louis Vuitton, cadeau de la marque à tous les joueurs. 
Et là il vaut mieux savoir un peu de quoi on parle, je serais incapable de poser la moindre question, heureusement Chris mon collègue s'y connaît un peu... C'est lui qui m'aide à filmer les joueurs importants grâce à une revue contenant une photo de chaque joueur... Il faut dire qu'ils se ressemblent. Ça change des ministres au conseil européens, un peu plus joli et beaucoup plus trivial, à moins que ce soit l'inverse! 

Je dois bien avouer que je prends un certain plaisir à filmer tout ceci. C'est tellement différent! Je commence à trouver des trucs pour enchaîner les plans d'entraînement, changement de point, panoramiques haut bas sur les pieds et les ballons, etc. 
Ce que je suis ravi de ne pas filmer ce sont les fans! Cracovie étant touristique tous les dans y passent un jour ou l'autre et la place se rempli de fans divers. Samedi les oranges se préparaient à coup de pintes au match du soir, plutôt désolant surtout quand les bandes ivres mortes demandent aux serveuses de montrer leurs seins... Je passe sur les fans Anglais qui campent des heures devant l'hôtel ou loge l'équipe. Ils nous posent des questions, enviant notre position. S'ils savaient! J'ai du rester une heure devant la porte du dit hôtel pour une éventuelle balade du coach sur la place centrale, qui n'a jamais eu lieu, j'aurais bien fait aurez chose de mon après midi. Par contre cette anglaise de 50 ans était ravie de passer sa dernière journée de vacances à regarder les camionnettes UEFA passer avec de potentiels joueurs bien cachés à l'intérieur... "it is  my last chance to see one of them, I am not leaving this place before I get a few autographs!! "

VOilà pour le sport, en tous cas ce que j'en vois, je n'ai pas regardé un seul match, oui oui, c'est une honte, même France-Angleterre, quoique celui là je n'avais pas le choix je travaillais. 

Ce soir ça chauffe avec Pologne Russie... vais peut être faire un tour en ville histoire de voir tous ces fans bien imbibés. 

A très vite pour la suite des aventures, la nuit cracovienne et la campagne de Poznan. 
7 juin 2012

Cracovie ! Troisième jour.

Cracovie ! Trois jours déjà. 

Arrivé lundi, habitué aux voyages épiques, aux connexions délirantes, cette fois ci rien de tout ça, pas de visite de Zurich, Francfort et j'en passe, un simple vol direct, Zaventem Cracovie.

En une heure trente me voilà au pays du foot et du cochon. 

Mes voisins, tous de la commissions européenne, ne sont certainement pas là pour les mêmes raisons que moi, on parle de développement, de fonds, de commissaire. Je lis mon supplément foot du soir, histoire de me mettre un peu à jour dans une matière que je ne maîtrise pas du tout… Je feuillète Tetu, mon voisin, un petit rougeauds de la DG développement d'une cinquantaine d'année lorgne sur ces pages où défilent des hommes à moitié nu… Cela me rappelle où je vais, pas de démonstration gay, pas de bars je présume, et c'est pourtant en Pologne que je fêterai mon premier anniversaire de mariage. Décalé ! 

 

Cracovie, donc, m'y voilà. Installé dans l'hôtel Ibis du centre, avec des dizaines de journalistes, majoritairement d'AP. je revois d'anciens collègues italiens, d'autres de Bruxelles. Petit milieu, qui ne parle que de foot. J'écoute, ne connaissant aucun des grands noms. Etait-ce vraiment une bonne idée ? 

Je m'installe, pour deux semaines, ma chambre sera mon petit appartement, bureau, vue dégagé, Internet. 

 

Premier après midi libre. Je vais découvrir le centre, censé être le plus beau du pays. Pour le moment de la ville je ne vois que les toits devant ma chambre et un clocher au loin. 

 

J'étais passé à Cracovie il y a deux ans, pour les funérailles du président. J'y été resté deux heures, le temps de prendre mes collègues et de filer à Berlin. 

 

Le centre est magnifique, une grande place, une cathédrale, un château, une foule d'églises. Le tout très touristique, avec pléthore de restaurants aux menus en Anglais et Allemand. Je flotte un peu et suis la foule. 

Je croise des curés en soutanes, des bonnes soeurs qui vont à l'office. Je rentre dans l'église principale, impossible, c'est l'heure de la messe du soir, c'est presque plein. Et si je sortais mon Tétu ? 

Les passants se pressent pour aller prendre le train, la gare est neuve, archi neuve, mais l'ancienne construction du 19ième siècle subsiste pour certains trains, charme désuet, mélange de néo baroque et mobilier 70. Trône à côté le centre commercial de la ville, ouvert il y a peu, avec tout ce dont on pourrait rêver ou cauchemarder ! Wifi gratuit, starbucks, Saturn, Svarovsky et j'en passe. 

Les boutiques arborent les couleurs du foot, Polska Polska Polska ! On met des autocollant partout, on décore, on installe des écrans pour le grand soir et le mois entier. Ces décorations sont plus ou moins heureuses, ans le restaurant de l'hôtel la télé a été emballé dans un filet censé représenter une cage de but, cela fait plutôt filet de pêche. 

 

Je croise aussi à tous les grands carrefours ou endroit stratégiques des vendeur de bretzels, ils ont un petite carriole bleue, la vitrine est plein de bretzels, nature, sésame, pavot, il y a aussi un petit pain moulé plus ou moins cuit. C'est 1,5 Zloti pièce, 40 centimes. Les vendeurs de rue sont assez nombreux, on vend des fraises, des roses, des oeillets bleu vif. Je vois encore cette grand mère assise sur un petit tabouret, une dizaine de bouquets de son jardin devant elle, rester tard bien après 23h à vendre ses fleurs. 

 

Première soirée entre collègues, à grignoter des bretzels et à boire… Les britanniques sont comme les polonais, ils boivent des litres de bière ! Minuit, trois pintes et je vais au lit. Je vais avoir du mal à suivre le rythme. 

 

Mardi est la journée ridicule, celle d'un aller retour à Varsovie pour aller chercher mon accréditation pour l'Euro. Départ en avion au matin, taxi pour le stade flambant neuf, balade dans le centre historique reconstruit après la guerre et retour dans l'après midi. Le temps de faire quelques photos de la ferveur foot dans al capitale, le premier match Pologne-Grèce aura lieu là, vendredi soir. On vend des drapeaux partout, de ce modèle à glisser dans la fenêtre de sa voiture. Mais j'ai mon accréditation, avec en grand au milieu : NO ACCESS ON MATCH DAY, oui, spécialement pour les ramasseurs de miettes… comme nous. 

 

Le soir de nouveau des bières, cette fois ci beaucoup trop et beaucoup trop tard… 

 

Hier fut le jour où on se met au travail, enfin ! Fini les avions et les balades touristiques. 

 

J'ai commencé par un sujet merveilleux : l'éléphant du zoo de Cracovie qui prédirait les résultats ! Après le poulpe de Oberhausen voici l'éléphant de Cracovie ! Citta de son petit nom, mange en premier le fruit disposé au dessus du nom de l'équipe en lice, désigant ainsi le vainqueur. Nous arrivons un peu juste, les caméras sont déjà alignées devant les dits fruits, le cornac occupe Citta dans le fond de son enclos. Je filme à la main au dessus de la foule, elle arrive et mange son fruit, la Pologne est désignée vainqueur pour vendredi ! En espérant qu'elle se trompe, sinon nous sommes bons pour venir à chaque fois au zoo ! Enfin, il a plus désagréable, nous avons monté dehors, entourés d'enfants hurlants, ravis de voir la télé. 

 

L'après midi ce fut le tour des choses sérieuses, un entraînement public avec 20 000 fans, celui des Pays Bas. J'ai pu me rappeler qui était qui dans cette foule de joueurs, étalant mon ignorance à mon collègue que cela faisait sourire. Que fais-je ici ? Enfin, j'ai sauvé la mise, un joueur est un joueur. Je dois bien avouer que certains valent la peine d'être filmés en gros plan… 

 

FIn de journée. Pas de bières. Je laisse mes collègues boire en paix… 

 

Drôle d'ambiance en résumé, mais loin d'être désagréable. Je retrouve l'excitation du travail en agence, sans le stress des news et d'APTN. L'équipe est disparate, des britanniques dont je dois encore m'habituer à l'accent, des italiens à qui je m'efforce de ne pas parler anglais, un Allemand à qui je ne peux aligner qu'un Guten tag et wie gehts… Ils parlent de foot, de filles, les polonaises sont apparemment bien au dessus de la moyenne. Je n'en dirai pas autant des polonais, mais ça je le garde pour moi. On me demande si je suis marié, oui oui, mais je n'ai pas encore précisé à qui. 

 

Aujourd'hui départ pour Wroclaw, entrainement des Tchèques et des russes. Retour demain matin. 

 

C'est gai de travailler. 

 

Ah oui, j'allais oublier l'assiette : la Pologne est égale à elle même. Cochon cochon et betterave. Je dois avouer que j'ai mangé une soupe froide de betterave à a crème aigre à tomber… bon il y avait du lard à côté histoire de ne pas être trop perdu. 

 

8 mars 2012

Le Caire, Avion, 7 mars

J'ai quitté l'Egypte il y a trois heures.
La nuit vient de tomber, nous survolons l'Italie.
Le terminal pétrolier me semble loin, la route dans le désert également.

Cette dernière journée, ou plutôt matinée, a soudain réveillé en moi la fièvre de l'Egypte ancienne. Je me suis revu à 12 ans me plongeant dans la mythologie égyptienne, rêvant d'Ours, de Nil, d'Osiris, de temples, de tombes. Je me suis souvenu de ce film hollywoodien Terre des Pharaons avec Joan Collins, j'ai revu les fantasmes de pyramides qui m'avaient rapidement transformé en égyptologue en graine jusqu'à ce que la photo me rattrape.

Le Caire se réveille, les embouteillages commencent et nous filons vers le plateau de Gizeh. Toujours le même chaos, la même poussière, la lumière est crue et le soleil aveuglant à travers cette brume du matin. Nous traversons le Nil, puis par des autoroutes surélevées sortons de la ville ou plutôt allons à ses abords, là où les cultures apparaissent. Nous traversons cette zone particulière en lisière du plateau de Gizeh, le fatras est différent, il s'agit de marchés, nous croisons des carrioles tirées par des ânes, chargées d'orange, de fourrage, un égout à ciel ouvert marque la fin de la ville, les pyramides apparaissent en arrière fond, dans la brume, des dromadaires traversent la route en courant, montés par leur propriétaire qui vont poser pour les touristes au pied des pyramides.

Le site est immense, tournant le dos à la ville, on accède rapidement par une route en pente à la porte est, arrivant juste derrière la pyramide de Keops.
Difficile de décrire ce que l'on ressent au pied de ces monuments. Je frissonne en levant le yeux sur le sommet de Keops,

Le spectacle est vite interrompu par un homme avec qui j'ai eu le malheur de répondre de loin, il s'avance, prend nos billets et se lance dans un discours prouvant qu'il n'est pas guide ou arnaquer, ce qui est évidemment. Heureusement notre chauffeur est resté dans le coin et en deux mots faits cesser le manège. J'ai du m'énerver avec un second qui essaye de nouveau, la technique étant de prendre les tickets de la main des touristes pour qu'ils vous suivent et de ne pas leur rendre vu qu'ile en ont besoin pour entrer dans le musée, sur le site et dans les pyramides…
J'oublie vite l'incident et passe la matinée à m'extasier sur la beauté du site. J'ignore royalement les offres de chameaux, ânes, chevaux et autres souvenirs made in China. C'est du travail mais la ethnique est simple, ne pas regarder dans les yeux (no eye contact) et ne pas ouvrir la bouche. Les gens se photographient en faisant mine de prendre les pyramides en main, ou de s'appuyer dessus, ou bien encore de mettre des lunettes de soleil ai Sphinx.

Dès que l'on s'éloigne de Képos la foule déjà peu nombreuse se disperse voir disparait, je contourne la grande pyramide, Kephren apparait, puis Mykérinos au loin. La ville a certes gagné les abords du plateau jusqu'à le cerner mais sur quelques kilomètres on imagine ce qu'était la rive des morts, la rive ouest du Nil, une grande étendue sablonneuse désertique parsemée de nécropoles et de pyramides. C'est impressionant, beau tout simplement.

Les noms évocateurs comme Saqara, Snefrou apparaissent sur les panneaux routiers, j'oublie Le Caire et son bazar et me mets à imaginer un voyage tout autre… Je reviendrai.

Nous quittons Le Caire pour un long voyage via Munich, aéroports, avions, décollages.
Je garde les pyramides en têtes, pas d'image d'avion ni d'aéroport.

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8 mars 2012

Alexandrie, Le Caire, 6 mars 2012

Alexandrie, 6 mars 2012

Au réveil le spectacle est saisissant, le soleil déjà haut à 7h30 se réfléchit sur la mer, la baie se dessinent devant moi, au loin les trois digues qui la protège du large.
Avec cette lumière et la vue mes appréhensions de la veille ont disparu.

Le but du voyage n'est pas là, il nous faut plus d'une heure pour atteindre El Alamein où se trouve le terminal pétrolier. Le paysage est assez fou, la zone est désertique ou presque, tous les 5 dix kilomètres nous croisons une marina en construction ou juste achevée. Ce sont selon notre fixer des villages de vacance pour égyptiens. Après une grande porte souvent monumentale une série de petites maisons identiques se succèdent dans des jardins, cela me rappelle les villas du fils Kadhafi près de Tripoli.
Après ces marinas plus rien pendant des kilomètres, puis deux mémoriaux pour les soldats morts pendant le seconde guerre mondiale, l'un italien, l'autre allemand. Ce dernier me fait penser à Castel de Monte dans les Pouilles.

Enfin nous arrivons au terminal pétrolier. On nous attend, les négociations ont été rudes en amont pour pouvoir filmer ce que les égyptiens considèrent surement comme étant très stratégique.
Le scénario est similaire à celui de Melitha. Une petite délégation nous accueille et nous accompagne toute la journée. Cette fois ci, étant accompagnés d'une productrice égyptienne on nous met un peu à l'écart, les conversations se faisant en arabe et très sporadiquement en anglais à notre adresse. La troupe est constituée de deux membres du ministère de l'énergie, un responsable de la sécurité du site, un ingénieur, deux techniciens.
La direction a mis les bouchées doubles pour nous impressionner, à peine arrivés un buffet nous est offert, puis on nous guide  travers le site. Nous ne sommes intéressés que par les tankers et nous rentrerons bredouille, ou presque. Certains endroits nous seront interdits d'accès sous des motifs bien minces ou très flous.
Notre petite troupe se balade en un convoi de trois véhicules, ces derniers nous suivant alors que nous marchons d'un point de tournage à un autre. Tout ce petit monde doit trouver le temps long alors que je filme et que mon collègue prend des photos, ils papotent, se mettent à l'ombre… Après une bonne heure de tournage et des explications en zigzag quant à a présence des tankers et leur ravitaillement nous comprenons leur craintes. Même s'ils savent que nous filmons pour la commission européenne ils ont peur d'une visite déguisée visant à vérifier la sécurité et l'état des installations. Il faut dire que certains endroit sont plus que fatigués, les remorqueurs sont rouillés, les pontons en piteux état. Je filme en évitant la rouille et m'extasie sur la couleur de la mer, le vent de terre charrie de la poussière qui en se mélangeant à l'humidité de la mer rend l'air laiteux et la mer tout autant. Je n'ai qu'une seule envie, courir ver le rivage et me baigner… mais je crains que les 20 degrés ne soient pas suffisant et surtout que cela soit du gout de notre fine équipe. On nous répète à tous vents les mérites de la sécurité, la fiabilité des équipes, la scène la plus cocasse se déroule à la capitainerie alors q'une petite troupe d'ouvriers en combinaison orange se presse autour de nous, ouvrant les portes des garages à bateaux, mimant des procédures d'amarrage sur une maquette de bouée, que nous filmons faute d'accéder à la vraie.

Notre visite s'achève par un repas au mess du site. La productive aurait aimé y couper  mais les envoyés ministériels ne lui laissent pas le choix.
La même orgie qu'en Libye se répète, les plats s'enchainent jusqu'à remplir toute la table, une nuée de serveurs apportent humus, caviar d'aubergine, salade de tomate, soupe, gratin de pâtes, ocras en sauce, assiette de grillades, frites et salade de fruits… Tous les convives laissent plus de la moitié à table et se congratulent de la réussite de la visite.
"As long as you are happy we are happy" disent-ils.

Nous quittons le site en promettant de revenir filmer les fameux tankers…

La route est moins dantesque que la veille. Nous traversons le désert d'Alexandrie, retrouvons la folie du Caire au soleil couchant. Au dessus de la plaine fertile se dressent les pyramides que l'on aperçoit dans la brume du soir. Dans la banlieue les immeubles de briques et de bétons inachevés gagnent sur les champs, la zone fertile est gagnée par cette urbanisation chaotique et effrénée.

Ma vision de la ville change à la nuit, de ma chambre d'hôtel je domine le Nil et le centre de la ville, au loin, de l'autre côté des ponts encombrés de voitures la place Tarirh. Les hôtels de luxe longent cette mince ouverture qu'est le fleuve dans la densité de la ville.

Je me lance dans le centre, traverse le fleuve, le spectacle est incroyable. Comme à Bangkok une nuée de petites bateaux illuminés sillonne le Nil, certains font la traversée, d'autres sont le théâtre d'une fête embraquée. Cette vision me réconcilie avec Le Caire. Je sens l'agitation, le chaos, la poussière, mais aussi une certaine douceur de vivre par endroit, une vie à l'extérieure. Les voitures ont repris leur droit place Tarirh. J'arpente quelques artères grouillantes de monde, on klaxonne, on crie, on vent à la criée, on se bouscule, il est 22h, tout est ouvert.
Je mange dans un petit fastfood égyptien, shoarma, foul (lentilles) et pepsi. Parfois un endroit étonnant et charmant apparaît au milieu des immeubles de 8-10 étages art déco, un petit restaurant au nom savoureux, le café riche, une pâtisserie au décor surchargé, un bar à chicha.
En rentrant je m'attarde place Tarirh, il reste quelques tentes au centre, des panneaux affichant les martyrs de la révolution de l'an dernier…

Je me couche en regardant une dernière fois le spectacle du fleuve la nuit.

8 mars 2012

Alexandrie, 5 mars 2012

Alexandrie, 5 mars 2012

Alexandrie, après 14 heures de voyage.

Quelques images se bousculent, le départ sous la pluie à 7h du matin, l'aérogare à l'architecture minimale et parfaite de Zurich, la traversée de la Méditerranée, le survol des Cyclades, l'apparition au loin du delta du Nil, le survol des terres agricoles, le fatras du Caire, les embouteillages à n'en pus finir qui font de cette ville un cauchemar, l'autoroute pour Alexandrie sur laquelle le chauffeur Ossama roule à tombeau ouvert en slalomant entre les camion à 150 km/h, le coucher de soleil sur les terres arides, l'arrivée à Alexandrie dans un ultime embouteillage.

La ville est coincée entre la Méditerranée et un lac saumâtre au bord duquel 4 raffineries se dressent avec leurs torchères, spectacle qui a la nuit tombée est fascinant.
Le taxi longe la côte, succession d'immeubles art déco ou mauresque tous plus ou moins décrépits, apparaît alors au milieu de la baie la nouvelle Bibliothèque puis les grands hôtels. Nous logeons dans un vieux palace egyptianisant sur le bord de mer.
Je me sens complètement déphasé. Serait-ce la fatigue ? Le fait d'avoir voyagé si longtemps pour arriver dans un lieu inconnu à la nuit ? Je ne me sens étrangement pas vraiment à l'aise. Malgré l'accueil chaleureux de notre fixer au Caire et un voyage sans encombres je suis comme oppressé. Le Caire me laisse une image de chaos, nous avons passé plus de trois heures dans les embouteillages sur des autoroutes surélevées. De là la ville n'offrait qu'une vision d'immeubles collés les uns aux autres, des constructions anciennes plus ou moins délabrées ou récentes en briques avec à chaque fenêtre un appareil de climatisation et des antennes sur le toit. Dans les rues en contre bas la foule se pressait dans une circulation dense ou à l'arrêt, le tout dans une poussière incroyable. Seul répit, le Nil. Il coupe la ville en deux, offrant des panoramas étranges, parfois verdoyants, souvent bétonnés. Je n'ai pas souvent senti une ville aussi non accueillante, comme un énorme noeud inextricable d'où entrer et sortir tient de l'épreuve.
La route vers Alexandrie fut tout aussi épuisante, notre chauffeur fonçant à 150km/h sur une autoroute en construction. Il a pilé plusieurs fois, évitant camions, camionnettes, motos. Je regardais mon collègue qui lui non plus n'était pas rassuré.

La productrice qui nous accompagne nous emmène diner dans un grand restaurant de poisson au bout de la baie, endroit kitshissime où l'on va choisir son poisson directement. Un houmous sublime, un caviar d'aubergine entre autre me réconcilient doucement avec le lieu.
Je me couche en espérant que le soleil et la lumière changeront mes impressions.

La nuit est agitée, les klaxons incessants sur le bord de mer coupent mon sommeil…


23 février 2012

Tripoli, 23 février

Tripoli, 23 février

Que dire de cette journée d'hier.

Tout d'abord je ne peux m'empêcher de penser à ces deux journalistes tués en Syrie. Je me souviens très bien de Marie Colvin, je la vois encore au téléphone, sur la terrasse de l'hôtel Corinthia à Tripoli en Septembre. Quasi toujours de noir vêtue, reconnaissable à ce bandeau noir sur son oeil. Elle étai discrète, sûre d'elle, naviguant parmi les journalistes anglo saxon, BBC, ITN, AP, Reuters. L'imaginer morte en Syrie me rappelle soudain le danger de certaines missions, la volonté de comprendre et d'informer malgré le risque mais aussi le gout pour ce dernier et l'adrénaline qui en découle.

Ici point de danger, à part sur la route… notre fixer n'a pas levé le pied malgré nos demandes appuyées, et c'est à 130 sur des routes bondées et à moitiés inondées à grand coups de klaxon et dans d'incessants coups de frein que nous avons rejoint en un temps record l'usine de Melitha, fleuron libyen.
Ici on traite le pétrole brut et le gaz venu du désert et d'une plateforme à 100 km au large.
Très vite, au vue de l'importance accordée à la sécurité je comprends que Melitha appartient à un groupe étranger, tout se confirme quand je vois une partie de nos hôtes arborer des vestes aux couleurs de ENI, vous voyez, le lion crachant du feu, italien…
L'endroit est impressionnant, des kilomètres de tuyaux, des dizaines de réservoirs de pétrole et autres dérivés, des compresseurs de gaz à haute pression… un ponton de 2 kilomètres de long, un pipeline direct vers la Sicile. L'énergie n'est pas une mince affaire.
On nous offre accès à tout, répondant à toutes nos questions, exhaussant tous nos souhaits ou presque, il nous sera juste interdit de monter sur les grands réservoirs de pétrole, trop dangereux.

Ils ne sont pas moins de 4 à s'occuper de nous, un chef de projet, un responsable technique, un responsable de la sécurité, et le chauffeur qui conduit le minibus, je n'oublie évidemment pas notre fixer et le représentant du ministère de l'économie que j'ai décidé d'appeler le ministre. Ce dernier ne fait rien, il somnole dans un coin et s'anime juste au moment de passer à table ou de recevoir des invitations des responsables.

Tout ce petit monde nous regarde filmer tout en parlant de politique et d'avenir de la Libye, c'est en tous cas ce que nous dira le fixer.

Ici on parle de partenaire quand on mentionne ENI, pas de client, il faut dire que l'usine a été financée par les italiens et que tout ou presque vient de la péninsule. Lampes, extincteurs, lavabos, portes, vitres, je retrouve une marque italienne sur tout ou presque.

Le clou de la visite pour certains, le ministre pourrait le confirmer, fut le repas. Nous avons été guidé dans un petit salon aux tapis épais, séparés du réfectoire par des paravents et là dans un décor de roses en plastique et sur fond de télé allumée le chef s'en ai donné à coeur joie. Une véritable orgie que l'appétit des hôtes n'a pu achever. Soupe libyenne, salade, foie de mouton, cotellettes, pouelt roti, légumes, frites et pates, le tout arrosé de coca ou de jus d'ananas...

La mission pour la commission s'achève là, l'énergie libyenne est bien acheminée par bateau et par pipeline en Europe, nous aurons de quoi nous chauffer.

En voyant défiler ce pays noir vert rouge sur le chemin du retour je me demande à qui profitera cette manne. La reconstruction ou plutôt la restructuration du pays va être longue. En résumant la discussion animée des tous nos hôtes il en découle une perplexité générale et un questionnement quant à la capacité de chacun à gouverner. Personne n'a l'expérience du pouvoir, même les plus anciens sont issus d'une opposition en exil. Je lis ce matin que l'ex premier ministre vient de créer une coalition de 40 partis, sur les 200 officiels, pour une gouvernement à l'islam modéré. Mais les factions sont nombreuses, et la complexité ethnique et tribale de la carte libyenne m'échape totalement. On note simplement ici, sur la cote tripolitainne, la présence des berbères, signalés par leur drapeau au trident, ils sont un gage d'une certaine modération.

Une chose est certaine, on attend de pied ferme et avec les bras ouverts les investisseurs. Le ministre s'est échiné à nous montrer les quelques restes des combats en disant juste "Gadhafi !!" et en répétant que la Libye était désormais "a safre country, very safe !!!"  message qu'il fallait répéter à nos amis. Pourtant notre chauffeur nous disait encore que dans les campagnes à l'est de Tripoli il n'était pas recommandé de se balader la nuit en tant qu'occidentaux. Vrai, faux ?

En tous cas, en attendant ceci ne nous empêche pas de siroter des cafés exquis, de retrouver les gâteaux au miel et le sourire de certains. Certes il y a encore beaucoup d'armes, mais cela fait partie du décor.

Retour cet après midi. Il est temps pour un dernier café !

21 février 2012

Trioli, 21 février

Tripoli, 21 février

La journée est celle d'un tournage en terre inconnue, au milieu des pipelines, sous la pluie.

Après deux visites à la réception les classiques de la musique d'ascenseur ont enfin fini d'envahir ma chambre. J'ai été bercé par la pluie toute la nuit, régulière, entrecoupée du bruit des voitures dans les flaques d'eau grandissantes devant l'hôtel.

Le fixer est arrivé plus ou moins à l'heure avec notre ami du ministère de l'énergie. Quel est son rôle, on n'en sait rien, et le mystère restera entier jusqu'à jeudi. Il est fort sympathique, souriant, faisant des blagues sur nos noms, nous racontant son dernier voyage à Paris, son amour pour la France et Sarkouzy. Il occupe le fixer/chauffeur ce qui nous permet de papauter à l'arrière ou de la faire la sieste.

Nous quittons la ville sous la pluie, au milieu des embouteillages en slalomant entre les flaques d'eau qui rendent certains carrefours impraticables…

Une heure de route à tombeau ouvert, je ferme les yeux parfois, nous avons beau répéter qu'il n'y a pas d'urgence rien n'y fait, il faut foncer.

Nous arrivons à Zawiya, haut lieu de la résistance rebelle, ville stratégique pour ses deux raffineries et son terminal pétrolier que nous allons filmer.

Les armes qui avaient disparu de la vue se multiplient soudain à l'entrée du complexe, un adolescent de 12 ans nous accueille avec le sourire tout en montrant sa kalachnikov. Nous sommes les bienvenus, l'ambiance est détendue, un responsable fait assoir dans son bureau avec une tasse de nescafé ultra fort. On fait quelques blagues en anglais, en français, en arabe. On nous assigne un guide pour la visite, un grand bonhomme au look italien, emmitouflé dans un pardessus bleu marine, arborant une écharpe bleue à motifs très élégante et une casquette anglaise en laine. Il dénote complètement mais nous guide dans tout le site le sourire en coin.

J'ai toujours cette sensation que rien n'a changé et tout à la fois. Le nouveau libyen drapeau a été peint à la hâte pour masquer l'ancien un peu partout, la bureaucratie a laissé place à un protocole plutôt débonnaire. Certes les bureaux de la raffineries sont décrépis et n'ont pas vu l'ombre d'une rénovation depuis 1960, certes le nombre d'employés reste un mystère tant chacun a l'air de ne rien faire, certes les dossiers et papiers inutiles ont l'air d'encombrer les bureaux tout autant, mais on ne lit plus cette interrogation sur les visages dès que l'on pose une question comme en 2010, chacun a l'air de savoir ce qu'il fait et pourquoi et nous ne sommes pas ballotés d'un bureau à l'autre comme cela avait pu être le cas.

L'accès au site est surprenant, nous pouvons tout filmer, absolument tout, la seule restriction sera de ne pas nous laisser monter sur le toit des réservoir de pétrole de 1 000 000 de litres. C'est de là que part une partie de la production libyenne de pétrole vers l'Europe et ailleurs, nous apercevons les bateaux amarrés au loin en train de charger.
La commission européenne attend sûrement des images au soleil, tout le tournage se fait sous la pluie, dans les bourrasques de vent. Je protège ma caméra tant bien que mal avec un sac poubelle et essuie l'objectif toutes les 2 minutes.
Nous déjeunons, invités par la direction, dans un réfectoire immense éclairé au néon digne d'un Jacques Tati version africaine et défraîchie.

Fin de tournage, retour de nouveau à tombeau ouvert dont je ne vois rien heureusement grâce à une sieste bienvenue…

Je me retrouve à Tripoli à 16h, avec une fin de journée toute à moi mais guère de choses à faire ou à voir. Je tente une visite au musée d'archéologie qui semble ne pas avoir réouvert.
Mon collègue et moi errons dans cette ville que la pluie a rendu boueuse et encore plus crasseuse. Les flaques d'eau croupissantes ont rejoint les flaques d'eau de pluie, les voitures aspergent les passants.
Ce soir je ne me sent que moyennement à l'aise. A chaque carrefour, à chaque boutique on se sent dévisagés, souvent de manière positive, parfois intrigués ou bien légèrement agacés par la présence qui est la notre dans une ville où les européens se comptent sur les doigts d'une main. Mais certains nous hèlent de loin et exigent une photo d'eux en riant comme des enfants.

Je ne sais quoi penser de ce qui attend ce pays. On vit encore sur les restes fumant d'une révolution, on affiche les portraits des martyrs, on ne parle plus de Kadhafi, on a peint le pays de noir vert rouge. Mais on sent qu'on ne sait pas vers où aller, que le pouvoir est morcelé, que le danger pourrait survenir au coin de la rue, que certaines vieilles habitudes sont toujours là, je ne citerai qu'un exemple : notre hôtel est presque vide et pourtant nous avons juste deux voisins et la clef de notre chambre est bizarrement introuvable ce qui oblige un employé à nous ouvrir à chaque fois…

Je m'interroge. Une chose est certaine, je ne vivrais pas ici…

20 février 2012

Tripoli, 20 février

Tripoli, lundi 20 février,

 

Traverser une nouvelle fois la méditerranée, se retrouver dans cette ville qui petit à petit et très étrangement devient à chaque fois plus familière.

 

Tout commence ce matin à Zaventem, départ dans la nuit pour Francfort, il gèle ou presque, nous patientons que les contrôleurs aériens allemands en grève nous laissent partir, dégivrage, décollage.

 

Difficile d'imaginer que dans quelques heures je serai à Tripoli. Pour le moment il n'est question que de café, de petit déjeuner, de retard, d'avion, de salle d'attente.

Je suis pris dans la grande essoreuse à passagers qu'est Francfort, on va, on vient, on fait du shopping sans regarder trop les prix, le décalage horaire ou le réveil à des heures indécentes est parfait pour ce genre de lieux.

 

Espace feutré de l'avion, quelques passagers, une quarantaine, embarquent. Il y des hommes d'affaires, des italiens, des allemands, des anglais, des libyens. Devant moi dans le bus une famille qui arrive de New York, premier voyage en Libye depuis longtemps si je comprends bien ce que crient les enfants, alternant arabe et anglais.

Deux heures trente de vol, entre l'apéritif et le plat de pâte trop salé je vois passer les Alpes, puis la plaine du Po, et la Méditerranée… Longue sieste avant d'arriver à Tripoli.

Etre parti depuis 4h du matin accentue l'effet de dépaysement. J'ai la sensation d'être vraiment loin de tout, de chez moi surtout.

L'hiver apporte du vert au paysage, on est loin des couleurs ocres de septembre.

 

L'aéroport est à ma surprise très agité, plusieurs avions sont alignés, il n'y a plus les carcasses des airbus Afrikya bombardés en aout. Qatar Airways, Alitalia, Lufthansa, autant de liens qui fleurent la reprise, le Qatar a beaucoup fait pour la logistique du CNT, l’Italie est chez elle… La nouvelle aérogare attend sagement d’être achevé.

 

En sortant de l’avion, sur la passerelle couverte d’une moquette rouge improbable, déroulée en hâte pour faire neuf on découvre des impacts de balles. Tiens, oui, c’était il n’y a pas si longtemps…

L’immigration se fait en un clin d’œil malgré la foule. On prend note de nos noms et numéros de passeport en voyant la caméra, petite formalité qui ne servira sûrement à rien. Il n’y a que des hommes, aussi bien employés que voyageurs. Des autres vols sortent des libyens, des indiens, des italiens. On est là pour travailler, pour affaire. C’est du sérieux.

 

Ce voyage s’avère être d’une simplicité et une fluidité déconcertante. Une foule compacte attend à la sortie, on essaye gentiment de nous trouver un taxi, un chauffeur, un hôtel, mais tout ceci est coupé net par notre correspondant local qui nous emmène à sa voiture.

 

Je retrouve immédiatement le chaos de la circulation, des parkings, les voitures se faufilent, klaxonnent, au milieu des passagers et de leurs chariots.

 

Cette ville n’a rien de beau, et les évènements de l’an dernier ont laissé les projets en plan, les constructions sont à l’état de chantiers croulants, là un centre commercial dont seule l’enseigne donne encore une idée du faste désiré, ici un hôtel inachevé. On maintient l’infrastructure, un point c’est tout.

Après 10 kilomètres le premier et seul barrage de la route. Les rebelles qui depuis sont légitimes, délimitent leur territoire. Un drapeau berbère flotte à côté du libyen.

 

La première surprise est de voir les murs de la résidence de Kadhafi à terre, il ne reste plus qu’un grand tas de gravas. Les murs sont tombés, ce terrain appartient à tous. Il reste un pick-up peint aux couleurs libyennes surmonté d’une carcasse d’arme automatique devant la porte principale, pour la parade.

 

La première étape de la mission est d’obtenir une copie du permis de tournage. Notre fixer a négocié ce papier un mois durant auprès du ministère de l’énergie et l’obtenir enfin est un petit miracle. Nous n’attendons que dix minutes dans de grands fauteuils de skaï verts posés au milieu d’un hall gigantesque avant que s’agite sous nos yeux incrédules le fameux papier.

Néanmoins il faudra refreiner notre joie, d’abord un membre du ministère de l’énergie viendra avec nous sur tous les sites et lors de tous nos déplacements, ensuite, le ministère ne peut être garant à 100% des décisions qui incombent aussi aux responsables locaux issus de clans ou tribus différents…

Nous verrons sur place.

 

Je dois avouer que la bureaucratie de la Libye kadhafiste a l’air implémentée d’une manière différente. On est peut être plus coulant, mais on ne maitrise pas mieux.

 

Une fois installé à hôtel, le même qu’en 2010 je vais explorer le centre. Je retrouve le café d’en face, serré et délicieux, à l’italienne, le marchant de gâteaux qui me reconnaît en passant. La ville est méconnaissable par rapport à cet été. L’activité a repris, les boutiques sont ouvertes. Des drapeaux libyens flottent partout, marquant le premier anniversaire des soulèvements de 2011. C’est la fin du jour, on presse pour faire des achats. Mon heure préférée.

Tout a changé et rien en même temps, tout à coup je croise trois pseudo militaires armés, la mitraillette en bandoulière. Puis, alors que quelques personnes s’évertuent à régler une sono crachant une musique trop forte dans la rue pour marquer le 17 février, on entend une série de coups de feux, puis une autre. En quelques instants je retrouve cette ambiance qui m’avait effrayée en septembre. Je regarde mon collègue, il n’aime pas non plus mais les gens restent indifférents. Tout va bien donc…

 

Je fais le tour du souk, traverse le marché. Je découvre les boucheries, les poissonneries. Je ne saurais le décrire précisément mais il y a dans l’air quelque chose de différent par rapport à 2010 et aussi par rapport à cet été. La vie a repris, tout simplement, différemment.

Les boutiques sont les mêmes, certaines sont fermées, d’autres ont été détruites, le rideau de fer est éventré.

 

La nuit tombe rapidement. L’heure magique passe. Nous cherchons à manger, on se sent en sécurité mais la nuit peut réserver des surprises. Apparemment c’est dans les campagnes qu’il faut éviter de circuler la nuit. Sur la place des martyrs je découvre les portraits de ces derniers, avec en général une légende donnant le lieu de leur mort et la date. Même en cherchant bien il n’y a plus aucune trace de Kadhafi, je trouve juste entre des étals de souvenirs aux couleurs de la révolution des photos montages de Kadhafi dansant en bikini ou déguisé en juif et autres subtilités.

 

La dernière surprise de la journée sera de croiser une collègue d’AFP rencontrée en septembre, elle vient d’arriver, me reconnaît tout de suite. Elle reste ici un an…

 

De ce coté ci de l’Afrique du nord on se sent coupé de tout. Ce sentiment de chamboulement pour un inconnu vague est toujours aussi prenant. Tout reste ouvert. Nos idéaux semblent lointains. Mais les libyens ont l’air sereins, il font de nouveau le plein d’essence pour 4 euros, et vendent leur pétrole.

 

Demain, justement je vais filmer des pipelines et des pétroliers. But du voyage.

 

Je vous laisse, allant demander à la réception pour la deuxième fois de la soirée de couper la musique d’ascenseur qui dégouline  du hall jusque dans ma chambre.

 

Je mettrai es photos demain...

 

 

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