Libye, fin

Je pensais arrêter mon récit à Tripoli à l'annonce du départ, mais une fois en route les idées se sont multipliées, l'envie de continuer m'a poursuivi.
Je suis à Bruxelles, chez moi. Assis à mon bureau je regarde la pluie, et les images de ces deux dernières semaines s'entrechoquent.

Le retour s'est étiré sur trois jours. Mardi matin j'ai passé la frontière avec la Tunisie, en une petite heures grâce à nos laisser-passer de journalistes. J'ai vu des filles de voitures attendre au soleil leur tour, des immigrés du sud Sahara attendre un plausible passage de l'autre côté, des gens traverser à pied, comme nous, valises à roulettes dans le sable.
Puis, de l'autre côté le même paysage désertique, mais plus d'armes. Des premiers mouvements de population de février il reste trois camps de réfugiés : UNHCR, Croix rouge et Croissant rouge. Plusieurs milliers de personnes vivent là en attendant la fin du conflit et retrouver un travail.

Une fois en Tunisie tout a pris une autre dimension. Le téléhone portable fonctionnait de nouveau, l'Europe se rapprochait symboliquement.

J'ai oublié les kalachnikovs sur le bord d'une piscine de club de vacances, regardé le soleil se coucher sur les dunes puis repris la route de la maison.
Escale à Genève, vol retardé. Discussions avec des journalistes en transit, chacun y va de son anecdote, presque un concours, à qui aura la plus folle. Mais toutes converge, les rebelles et tous les Libyens nous ont accueillis les bras ouverts, ils veulent montrer leur pays libre. Il veulent fêter leur victoire.

Retour en 55h.

La Libye est déjà loin, les coups de feu dans la nuit ont disparu.
Il pleut.

Cette fois ci c'est vraiment fini.