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François Declercq
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François Declercq
29 septembre 2011

Tunis, 29 septembre

29 Septembre

La mission est terminée depuis ce midi. J'attends de rentrer à Bruxelles demain matin.
Après ces trois jours à Tunis et surtout ces deux journées de boulot je me sens las, avec une furieuse envie de rentrer, d'être chez moi. J'ai une overdose de machisme, d'agressivité, de débrouille-arnaque, de business. je suis peut être trop tendre pour cette société, et je sens que ma place serait difficile à trouver si je vivais ici. Pas de place pour l’ambiguïté, pas de place pour l'hésitation, on se bouscule, on se marche dessus. C'est aussi le cas de 'lautre côté de la méditerranée, certainement, mais j'ai toujours évité ces situations.

D'où me vient ce paragraphe un peu sombre ? Quelques expériences anodines qui ont émaillé les deux jours de travail. Tout commence par la circulation, cela peut paraître idiot mais si on ne menace pas de foncer sur l'autre ou de lui accrocher sa voiture on n'a aucune chance. Je serai sûrement encore coincé dans un carrefour en attendant la nuit si je devais conduire. Pour le piéton c'est apreil, il faut se lancer, faire mine de se jeter sous les roues d'une voiture pour qu'elle s'arrête ou vous évite. Après une journée c'est épuisant. Puis, si on doit faire la queue quelque part ça n'est aps drôle si on ne passe pas devant le autres... à quoi bon! Une fois, deux fois, après je fais pareil, je double, avec le sourire.
Seul endroit de trêve, le café, là on sirote son jus et on ne se marche pas dessus... Il me manque peut être un peu d’endurance pour être au point.
Et encore, je suis francophone... quoique, peut être n'est pas toujours enviable, car venant de Bruxelles je fais parti de la francophonie, je n'habite pas PARIS. Le chauffeur m'a demandé pourquoi en tant que Français je n'habitais pas Paris ?
- Ca ne te plait pas ?
- Euh, si si, mais je suis bien à Bruxelles.
- D'accord mais ça n'est pas la France !

C'est certain... Je dois avouer que je m'amuse à dire que je suis Belge maintenant, ça n'est plus qu'une question de semaines d'ailleurs. Être Français pour moi, et ça n'est pas la première fois, me donne une impression étrange, celle où la langue pourtant officielle du pays porte en elle un relent de colonialisme. Est-ce peut être une question mal réglée de ma part. Socialement il y a ceux qui parlent parfaitement français, et les autres. Y voit-on la même connotation que moi ? Je ne sais pas.

Je regarde par la fenêtre en écrivant ces lignes. La nuit est tombée, très vite comme toujours. Depuis hier le ciel est partiellement couvert, ce qui ne donne pas le même spectacle que le premier jourà la nuit tombantel. Pourtant j'ai pu attraper le soleil ça et là, entre un palmier, entre deux nuages.

Hier j'ai retrouvé mon équipe de tournage après une traversée pare-choc contre pare-choc de la ville sur fond de klaxons. il a fallu du temps pour trouver le rythme, mettre en place la journée. Après un déjeuner chez "Baguette baguette" sur les rives du lac tout a réellement commencé à la délégation de l'Union Européenne en Tunisie. La place était en ébullition, le gratin allait débarquer de Bruxelles. Une partie du cabinet de Ashton était déjà arrivée la veille, par le même avion que moi. En circulant dans les couloirs j'ai eu cette sensation de ce qu'est l'Union Européenne, on parlait diverses langues, se retrouvant autour du Français ou de l'Anglais. De Bruxelles ou bien de Tunis on fait partie de cette machine, même moi à mon petit niveau puisque j'ai sorti mon badge d'accréditation de Bruxelles.
Lady Ashton est arrivée, en retard, j'ai donné les instructions au caméraman en espérant qu'il ait bien compris ce qu'il fallait (j'aurais bien pris sa caméra et fait son boulot...). Deux tours de table, quelques courbettes avec le porte parole numéro un, Michael Mann et nous avons changé de lieu pour la réunion principale avec les autorités tunisiennes : le CEPEX, maison de l'exportateur, grand bâtiment assez laid doté de salles de conférence. A la nuit tombante tout le gratin est arrivé, premier ministre, ministre des affaires étrangères, Mme Ashton, et hop on recommence, tour de table.
Nous avons monté le sujet dehors, sur une caisse de traiteur, au milieu des serveurs qui vidaient les camionnettes de plateaux pour le cocktail. Là encore j'ai failli prendre l'ordinateur des mains du caméraman pour monter plus vite, pas facile être producteur... on a toujours envie d’accélérer la cadence.
Ai suivi un grand moment d'excitation de porte parole, le numéro deux, celui de l'avion, était en charge des festivités du soir. Il devait trier quelques caméras dont nous (pas le choix...) et nous placer, il restait trois minutes avant la fin de la réunion, où nous mettre, est-ce que le porte parole numéro un allait apprécier ? est-ce que Lady Ashton serait à l'aise ?


La conférence de presse fut légèrement chaotique, avec en bruit e fond le cocktail qui commençait et les invités qui se ruaient sur la bière et les petits fours. Lady Ashton a trouvé saugrenue que la traduction intervienne toutes les demies phrases et surtout à un niveau sonore bien plus important que le sien.
Elle nous a ensuite accordé une interview, j'ai du poser la question la plus banale et vague et ai opiné du chef alors qu'elle me répondait... Michael Mann m'a fait un grand signe "stop" pour empêcher toute question, cela m'a coupé l'herbe sous le pied et ai laissé la Lady dans le vide sans lui dire merci. Elle m'a regardé étonnée et a demandé :
-  "It is ok ?" .... blanc...
- " Yes, thank you very much!"
J'en ri encore.

La suite est classique, une course vers le point d'envoi, un faisceau avec Bruxelles qui ne marchait pas bien, une heure au téléphone, un collègue qui m'aidait à distance pour régler les problèmes de transmission... Le tout avec une faim de loup...
la journée s'est terminée en tapant la liste des plans dans ma chambre d’hôtel en mangeant un affreux sandwich poulet/harrissa acheté dans un supermarché de nuit "luxe"...

Aujourd’hui rebelote, dès 7h, la ville était déjà dans les bouchons, le soleil se levait.
Même cirque, plus zen car déjà vu. Bataille avec la sécurité, stress des porte parole car meêm topo avec la traduction,  notre Lady a même corrigé elle-même une traduction hasardeuse de millions en milliards. Quand on parle d'aide européenne ça fait une différence ! Elle qui avait justement dit qu'elle préférait parler en anglais pour être précise.

Encore une course au point d'envoi, pas de problèmes cette fois ci, shotlist sur un coin de table, bureau improvisé... je vous laisse juge de l'endroit, sur le toit d'un hôtel, dans la salle de réunion/banque aux fenêtres grandes ouvertes.

La suite et fin c 'est une après midi tranquille à déjeuner à la Goulette, le port de Tunis, d'une délicieuse dorade arrosée d'un vin gris. C'est l'acaht d'un maillot de bain pour mes collègues (le mien était déjà dans mon sac au cas où...) dans un magasin rempli de contre façons. C'est un bain à la plage de Carthage, devant l’hôtel abandonné Amilcar. Impressionnant de se retrouver au milieu de ces noms mythiques, il ne reste quasi rien, les Romains ont bien fait leur travail. Des ports puniques on devine juste la forme au milieu des maisons chics.
Images entremêlées, décalées, désuètes.

Je termine ce mot à l'heure du diner. La circulation s'est enfin calmée...
Demain départ à l'aube.

Je relis le tout. J'allais oublier, comme pour contre balancer le début, le sourire du vendeur de chez la Perla, pâtisserie en face de l’hôtel. Je l'ai regardé ranger des petits gâteaux dans une grande boite en fer. Il prenait les petits trésors aux amandes et à la pistache avec délicatesse. Pas de machisme là au milieu des sucreries...

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